CINEMATOGRAPHE// 4 AVRIL 2017
Black swan : le génie artistique de Darren Aronofsky |
CINEMATOGRAPHE - Comment jouer à la fois le Cygne blanc et le Cygne noir, alors que tout les oppose ? Dans le thriller dramatique Black Swan de Darren Aronofsky, Nina a tout pour danser le Cygne blanc ; gracieuse et innocente, elle en est l’incarnation même...
Comment jouer à la fois le Cygne blanc et le Cygne noir, alors que tout les oppose ? Dans le thriller dramatique Black Swan de Darren Aronofsky, Nina a tout pour danser le Cygne blanc ; gracieuse et innocente, elle en est l’incarnation même. Mais dans Le Lac des Cygnes, le rôle du Cygne noir demande ruse et sensualité. En bref, c’est ce qu’incarne Lily, sa rivale. Nina devra cependant apprivoiser ces deux états d’esprit totalement différents. Sa place de danseuse étoile en dépend, dans ce Lac des Cygnes new-age, pour lequel le directeur artistique, séducteur irrésistible, exige une ballerine capable d’interpréter les deux rôles. Tandis que la rivalité entre Nina et Lily se mue progressivement en une amitié perverse, Nina découvre, fascinée, le côté sombre de sa personnalité, qui la détruit peu à peu.
Dans chacune des scènes, Darren Aronofsky laisse une quasi-totale liberté d'interprétation. C'est là tout son génie. Chacune des 108 minutes de ce film est tournée pour nous induire en erreur. On pourrait croire qu’être choisie comme danseuse étoile dans le très prestigieux New York City Ballet est un évènement des plus positifs… Nina voue toute sa vie à la danse, et être ainsi sélectionnée pour la place la plus convoitée n’est-il pas l’aboutissement de toutes ses espérances ? Si, bien sûr. Mais le personnage s’égare vite. L’aspiration à la perfection de la ballerine se transforme en obsession, qui la plonge lentement dans la folie. Rapidement elle ne parvient plus à distinguer la réalité du rôle qu’elle a à interpréter, et la totalité du film joue sur cette ambiguïté.
Dans chacune des scènes, Darren Aronofsky a choisi de nous laisser une quasi-totale liberté d’interprétation. Et c’est là tout le génie du réalisateur.
Darren Aronofsky nous met au défi de distinguer les passages réels de ceux tirés de l’imagination de Nina. Mais tout n’est pas si simple… La mise en scène suggère dès le début que Nina est double. Ces dédoublements de personnalité sont de plus en plus fréquents au fur et à mesure de la progression du film. Certains deviennent effrayants, comme dans la scène où le reflet de la ballerine se moue dans le miroir alors qu’elle est totalement immobile. Le réalisateur abuse par ailleurs de ces miroirs pendant toute la durée du film. L’ambiguïté de la réalisation s’exprime finalement de manière concentrée dans son ouverture. Nina est en train de danser sur un passage du Lac des Cygnes, et la caméra la filme d’un point de vue extérieur. Puis l’angle de vue change brusquement, et nous voilà glissés dans la peau du sorcier Rothbart. Le point de vue subjectif est adopté, et ce jusqu’à la fin du film. L’utilisation de la subjectivité est très intéressante : elle nous force à adopter le ressenti de l’héroïne. Mais cette caméra traquant chacun des gestes de la ballerine n’est-elle pas oppressante ? Pour reprendre les termes du réalisateur, Black swan parle aux deux sexes. Il représente en effet deux types de prises de positions possibles, par rapport à l’héroïne. On peut s’y identifier et souffrir avec elle, comme jouir de ses tourments sadiquement. Mais y a-t-il une chose qui empêche de faire les deux en même temps…?
Un article de Noémie F. commentaires |
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